Merci pour tous vos commentaires, ca fait vraiment plaisir de voir que beaucoup de gens me lisent et apprecient mes petites bribes de voyage. Continuez comme ca, lachez-vous, j’adore!
Aujourd'hui c'est dimanche 24 Janvier 2010, il fait une trentaine de degrés sur la côte Keralaise et je me sens vraiment bien; et les quelques jours que je viens de passer à Varkala y sont pour quelques chose... que je vous explique... on en était où déjà? Ah oui!
Donc j'ai quitté Mumbai il y a une semaine, en prenant le train pour Ernakulam, après avoir perdu 2 bonnes heures afin d'obtenir le précieux billet au guichet spécial touristes de Victoria Terminal. 26h de train couchette climatisé, et quelques bonnes discussions plus tard, je suis enfin arrivé à Ernakulam. Ville sans grand intérêt si ce n'est son port industriel, ces grandes avenues dénuées du quelconque charme apparent et ses fortes odeurs de grandes marées Andernosiennes, bref ça pue et c'est moche... (désolé James, mais franchement la vase à marée basse sous le cagnard, ça refoule grave!)
Plus sérieusement, c'est ici qu'on peut prendre un bateau pour rejoindre Fort Cochin, petit bord de mer plus charmant avec ses pêcheurs au filets chinois dont l'utilisation fastidieuse donne lieu à de beaux ballets de pêcheurs en équilibre sur des poutres de bois. J'y ai passé une après-midi sympa mais sincèrement on en fait vite le tour, malgré ma volonté d'éviter les "rickshaws", comprenez les "touc-touc" ou autres taxis à 3 roues locaux, afin de me déplacer à pied pour me désengluer des sentiers ultra battus par la masse touristique qui afflue ici.
Deux jours à Ernakulam puis me revoilà en quête d'un nouveau billet de train pour un ailleurs plus méridional encore, la pointe Sud de l'Inde comme objectif programmé.
J'arrive donc à la gare d'Ernakulam, prêt à remplir mon petit formulaire de demande de réservation comme j'avais appris à le faire quelques jours auparavant, mais là, point de guichet touristique, juste une longue file d'attente compacte et désordonnée comme j'en avais tant évité jusque là. Tant pis, cette fois faut y'aller, je me jette dans la mêlée et essaye de tenir ma place dans la "file" sachant que 20cm laissés devant soi sont une invitation pour une famille de six personnes à prendre ta place. Bref, "Tu le colles l'otochtone, Ok?"
Après une demi-heure d'attente active, le sac de 16 kilos rivé sur les épaules, j'atteins enfin le guichet et après m'être fait couper la chique par 2 indiens à la sournoiserie sans limite , j'expose enfin mon réquisitoire au vendeur à la moue peu avenante. Je pense qu'il appréhendait autant que moi. La foule me presse contre le comptoir, on essaye de me dégager au bout de 15 secondes mais je tiens bon et persévère dans mes explications face à un préposé aux billets toujours dubitatif quant à l'existence de la gare que je m'époumone à prononcer dans le dialecte approprié. Le plus drôle à ce moment là ce sont les gens autour de moi qui ont l'air d'encourager le vendeur à te dégager de là puisqu'apparemment la situation est insoluble et que les gladiateurs, heu pardon, les voyageurs s'accumulent dans mon dos. Puis par la grâce de Vishnou, le regard du gars s'illumine enfin et j'aperçois mon précieux sésame que je m'empresse de régler pour en finir avec cette accumulation d'épreuves tantôt physiques, tantôt psychologiques: "Mais qu'est-ce qu'il raconte là?" digne d'un fort boyard en solo!!
J'avais mon billet mais quant à savoir dans quel train monter... là c'est une autre affaire... Mon billet mentionnait bien la destination de Varkala mais point de numéro de train ni d'heure de départ prévu: et c'est là que la méditation doit aider, parce que moi j'avais juste envie de gueuler un gros:
"MAIS PUT... de BOR... de PAYS de M...." je vous laisse compléter à convenance
Bon je me ressaisis et renonce bien entendu à aller me faire lapider en retournant au guichet précédent et décide d'interroger le seul interlocuteur présent sur le quai: un agent de sécurité. Il se débarrasse de moi en me disant un truc du genre: "T'inquiète mon gars, t'es dans la bonne gare, le train que tu cherches viendra bien un jour ou l'autre." Me voilà rassuré! Tu parles!
Une dizaine de trains et 1h30 plus tard, je comprends que c'est enfin mon train qui entre en gare, grâce à l'aide d'une douzaine d'indiens (tous très gentils mais l'info se vérifie 5 ou 6 fois ici, une petite moyenne des réponses les plus fréquentes et on obtient une réponse privilégiée qui elle-même pondérée par le nombre de gens qui attendent sur le même quai que toi, me donne une idée crédible du train dans lequel je dois monter... sinon, tu peux aussi suivre l'otochtone...
Ça y'est je suis dedans, re-train, 8h à peine cette fois et me voilà arrivé à Varkala!
Je savais que ça serait touristique mais là, vraiment, ça ressemble même plus à une station balnéaire! Non, comment vous dire...
Une belle plage surplombée par "la cliff" comme ils disent (la falaise quoi) où se succèdent mécaniquement les restos et les boutiques, un resto, une boutique, un resto, une boutique... ha! un vendeur de glaces... un resto, une boutique...
De fait, tout le monde passe par "la cliff" et on ne croise pas le regard d'un vendeur ou d'une vendeuse, ou encore d'un bébé vendeur (à oué, ils travaillent très tôt ici!) sans qu'il vous oriente du bras dans sa boutique, geste qui s'accompagne tout aussi mécaniquement d'un grand sourire qui sent bon les Roupies, et d'un Have a look, good quality, good price for you! Et pour les restos, la même: le bras tendu, le smile, les yeux en forme de dollars et l'indémodable: Have a seat, good food, good price for you! et le touriste de répondre, enfin au début, No thanks!!!!!!
Loin de moi l'idée de critiquer les vendeurs, ils veulent leur part du gâteau et à leur place on ferait pareil. Mais au bout d'une demie heure, une seule envie en tête: se réfugier à l'auberge ou faire la technique du « Terminator »: un iPhone sur les oreilles, genre Ta gueule, j'entends rien!, une bonne paire de Rayban genre Range ton sourire, j'te regarde pas! et pour finir une bonne tronche de 3 pieds de long qui ponctue le personnage capable de décourager le meilleur vendeur de parasols de la côte.
Du coup le rapport Indiens blancs-becs n'a rien d'enrichissant et la belle plage du coin perd tout son charme. Bref envie de se barrer... et vite...
Dommage car l'endroit est prometteur.
Tout d'abord c'est vrai qu'on se sent vraiment en vacances, ici, un peu trop sur la côte d'azur mais n'est-ce pas le prix à payer quelques fois? Et puis la plage de sable fin entourée de cocotiers, avec des vagues parfaites pour une aprem de body-surf dans une eau à 27°... sans compter les petits bars aux grandes terrasses face à la mer et les affiches de petits concerts à venir... et j'ai failli oublier les filles en maillot de bains venant des quatre coins du monde... allez, je prends deux jours de farniente, et après j'me casse!
Au delà du côté station balnéaire ultra connue, l'endroit est rempli d'hôtels qui proposent des massages, soins et consultations médicales dans le cadre de la médecine Ayurvédique! Une sorte de médecine douce qui est très bien implantée dans cette partie de l'Inde certainement. De plus, on ne compte plus le nombre de cours de Yoga et autres périodes de jeun proposées à chaque coin de rue.
Varkala est un haut lieu des pratiques spirituelles, de la méditation, de la relaxation, bref de la recherche du bien être...
Du coup, à 18h, la plage se remplie de centaines de blancs maigrichons, sourire aux lèvres en positions de lotus, s'extasiant devant le coucher du soleil (sans doute présents aussi pour applaudir son réveil mais j'étais pas là pour faire l'appel) tels de jeunes Padawans suivant religieusement les conseils de leur Maître Yoda local. Je vous avoue que malgré mes sarcasmes, ils m'interpellent ces adeptes du Yoga auquel on prête tant de vertus positives... D'ailleurs j'ai enfin ouvert mon livre sur "L'art de la méditation" par Mathieu Ricard (quand j'ai vu le nom de l'auteur, je savais que ce bouquin était pour moi! mais avant tout c'est un moine bouddhiste français... porte parole de Dalaï Lama, s'il vous plaît!).
A moi les levers de soleil déguisé en rouleau de PQ!
Et puis finalement c'est encore la vie qui a décidé pour moi. Ou du moins, c'est elle qui , comme toujours, m'a mis en présence des éléments et des personnages qui m'ont aidé à décider de rester quelques jours ici.
Le premier soir je me suis collé dans une auberge assez centrale et pas trop chère, mais la chambre n'était libre qu'une nuit. Du coup le lendemain je suis allé traîner mes guêtres dans celle d'à côté: la Johnny Cool Sunshine HomeStay. Ooohhh yyyyeeeee!
Au portail je tombe sur Hary, la cinquantaine, plutôt sympa, je me dis que ça doit être lui le Manu dont parle le Bide du routard mais dans ce cas où sont passé ses dreads? Après un bon quart d'heure de confusion, il me mène vers l'hôte de l'hacienda qui m'explique qu'une chambre vient de se libérer, ni une ni deux, je pose mon bazar et file dans un cyber café pour connaître les horaires des trains qui repartent vers le Sud dès le lendemain... bien décidé à quitter cette endroit dénué de sens à mon gout. Puis de retour à l'auberge je rencontre Guy, à peu près le même age qu'Hary, Niçois d'origine qui alterne entre séjours à l'étranger et retour vers sa chère terre natale. Il m'explique qu'il a décidé de venir passer 6 mois ici, à Varkala, si, si, ici! Étonné par son choix, on papote un peu... rebelote le soir même autour d'une assiette de thon délicieuse en compagnie de 2 autres frenchies qui ont attaqué l'Inde par le Nord et finissent leur 3 mois dans le pays... puis au file des discussions le charme opère, j'oublie petit à petit le safari incessant dont j'étais victime la veille et me laisse convaincre que quelques jours dans le coin me feraient le plus grand bien avant d'attaquer cette grande aventure qui ne sera pas toujours de tout repos.
Je me sens bien en fin de compte. Cette guesthouse a quelques chose de spécial et chaque personne que j'y croise est une nouvelle occasion de me laisser bercer par l'histoire atypique d'un "ex-gen normal" qui à un moment de sa vie a décider de changer sa destinée... c'est peut-être tout ce dont j'ai besoin pour l'instant. Loin de moi l'idée de suivre un de ces exemples plein d'expériences personnelles, juste envie d'écouter ce que les autres ont écrit dans le grand livre de leur vie, avant de prendre la plume à mon tour. Johnny cool est un havre de paix propice à la détente et à la réflexion, mais dans laquelle il fallait que je passe une bonne semaine pour que l'effet opère. Maintenant je me sens vraiment parti de chez moi. Et même si j'ai zappé une ou deux étapes sur la route qui m'attend, je me sens enfin prêt à reprendre mes sacs pour de bon.
Encore tant de choses à raconter mais pas vraiment le temps de développer autant. Alors en vrac et dans le désordre, voilà ce qui m'a occupé pendant la semaine que j'ai passé ici:
- des réceils à 7h du mat pour aller prendre de belles photos un peu à l'écart de la plage principale, et toujours de petites discussions souvent basées sur nos différence de mode de vies avec des indiens du coin (qui ne quitteraient cet endroit pour rien au monde, d'ailleurs),
- des après-midi à barboter, siroter des lassi, milk-shakes et jus pressés en tout genre en attendant la première bière,
- et des petites soirées souvent débutées à l'auberge à jongler entre langues française et anglaise autour d'une succulente assiette de tiger prawns façon Manu, qui se sont souvent terminées au Chill out tout proche à boire un dernier verre en chantonnant un air de Led Zep dans une atmosphère juste ce qu'il faut de hippie style.
Cette semaine est allée crescendo sur beaucoup de plans. Et la journée d'hier en a été le point d'orgue, qui me fait pensé que je peux quitter Varkala tranquille vers d'autres aventures, moins occidentales peut-être...
Faut quand même que je vous raconte... Avant-hier j'ai papoté avec une Ukrainienne qui est venue ici pour donner un séminaire de yoga (à peine 25 ans la nana, chapeau!) et après ça elle est allé sur une plage "cachée" pour trois jours de jeun dont elle revenait tout juste. Sur ce, elle me conseille d'aller le lendemain matin à un cours de yoga prodigué par Philipo, des cours sympas pour débuter apparemment. Malgré les 5 petites heures de sommeil, je me motive et me présente à 8h30 à l'endroit indiqué pour découvrir les joie des assouplissements, exercices de respiration et de concentration matinaux que nous avons pratiqué sur un toit en petit groupe de 5 personnes, parfait pour moi. Le cours se termine par une exercice de prise de conscience des différentes partie de son corps dans le calme le plus parfait, difficile de ne pas sombrer comme mon voisin "Bob le ronfleur" mais tellement intéressant... Les 2h30 qu'on duré ce cours m'ont paru durer une petite heure... très bizarre...
Puis après une sorte de brunch local à discuter avec le prof, je suis allé me faire masser de la tête aux pieds dans un centre de soins Ayurvédique que des kiné français, rencontrés à l'auberge, m'avaient conseillé: 2h de bonheur... retour à l'auberge après une bonne trempette pour me réveiller avant le soirée, puis apéro-diner-discute avec Guy, Rénata et Hary qui s'est finalement prolongé en un tête à tête splendide avec Guy, tant de choses à apprendre des autres! Puis ma soirée s'est terminée en crises de fou rire interminables avec Valérie, une Québecoise en quête de quiétude avant son retour au pays. Les différences d'expressions entre Québecois et Français est vraiment un puits sans fond!!
On a ri, mais on a ri!! (Nat: tu dois vraiment pas t'ennuyer à les écouter parler...)
Je quitte Varkala demain vers Trivendrum puis Vishakapatnam (où je ne ferai que passer, pour répondre à Phil, effectivement c'est même pas dans le routard cette ville!) et il me restera quelques jours pour rejoindre Calcutta en train et être à l'heure pour le mariage, enfin j'espère...
Voilà encore une fois, vous savez tout, et vous comprenez sans doute un peu mieux, pourquoi je me sens vraiment bien aujourd'hui, dimanche 24 janvier 2010.
Comme tous les jours, c'est le premier jour du reste de ma vie et je compte bien en profiter...
Je vous embrasse tous très forts
Auré
P.S: J'ai ajouté quelques nouvelles fonctionnalités sur le blog:
- l'outil de traduction du blog de Google, vous choisissez votre langue de prédilection et hop me voilà parfaitement bilingue en serbo-croate des montagnes...
- la petite carte pour savoir où je suis (mise à jour par mes soins si tant est que je trouve un cyber-café pour chaque nouvelle étape...). Comme pour la carte de mon itinéraire prévu, vous pouvez l'agrandir en cliquant en dessous sur Voir Où suis-je en plus grand.
- dernière petite chose: précisez bien votre prénom et nom ou première lettre de celui-ci ou encore votre surnom s'il est assez distinctif pour moi afin que je vous identifie quand vous me laissez un commentaire, s'il vous plaît. Il y a des prénoms assez répandus en France alors, pas toujours évidant pour moi de savoir qui est l'auteur du dit commentaire avec juste un prénom.