lundi 29 mars 2010

Sawadee Krap!



  Bon, je vous rassure, je vais bien! Effectivement mon dernier post était pour le moins caustique genre « Auré va nous péter une durite d'ici peu! » mais pour tout vous dire j'en ai rajouté un tout petit peu histoire de pimenté gentiment la sauce.

  Pour te répondre Raph, c'est vrai que je n'ai quasiment pas eu un seul bon retour sur Agra (hormis le Taj Mahal biensûr) et Jaipur. Les avis sur Varanasi sont assez partagés et pour ma part je n'y suis resté que 2 petits jours donc difficile de juger l'atmosphère globale en ci peu de temps. C'est dommage que tu ne te sois pas enfoncé un peu plus dans le Rajasthan ou dans le Sud du pays, on s'y sent quand même franchement mieux.
  Je suis heureux de voir qu'une partie de l'équipe va se faire une escapade Indienne en Avril et content de ne pas vous avoir totalement dégouté de cette destination qui m'a, encore une fois, apporté beaucoup de plaisirs... Si vous pouvez aller à Jaisalmer, il paraît que c'est le top du Rajasthan; Udaipur et Puchkar viennent ensuite (sauf qu'après avoir coulé un Ganesh géant plein de peinture toxique dans le lac de Pushkar il y a quelques mois, ils ont du le vider pour virer les poissons morts et depuis ils attendent la pluie... véridique!). N'hésitez pas à me demander si vous avez des doutes sur l'itinéraire ou l'arrivée à Delhi par exemple. En principe si vous suivez bien le routard rubrique « Arnaques en tout genre » vous devriez être à peu près à l'abri des gros soucis...

  Pour finir sur l'Inde, j'ai publié mes dernières clichés Indiens il y a quelques semaines et bien que le dossier Delhi ne soit pas très garni, manque d'inspiration sans doute, celles du « Holi Festival » de Bundi valent le coup d'œil...

  Je finis ma 3ème semaine en Thaïlande et comparée à l'Inde, c'est un peu « Retour vers le futur... »



  Pour la petite histoire, on est en 2553 ici! Hé oui les Thaïlandais font débuter le calendrier bouddhique en 543 av. J.C., un an après la mort de Bouddha. Du coup on tombe parfois sur ce genre de pierre tombale:



  Plus sérieusement, les quatre heures d'avion à peine m'ont donné l'impression de faire un bon de 20 ans en avant. Aéroport démesuré et ultra moderne, infrastructures impeccables, bus climatisés, rues nickel et que de sourires. Et j'allais oublier l'une des grandes différences entre l'Inde et la Thaïlande: ici, y'a des femmes partout! Hé oui, point d'obligation de resté cachées à la maison ou d'accepter un mariage arrangé à 18 ans... Les thaïlandaises sont magnifiques, fines pour la plupart, aux jambes interminables et aux sourires permanents; bref on ne s'en lasse pas!

  En revanche ces 20 ans de gagnés me font subir les effets d'un réchauffement climatique d'une petite dizaine de degrés par rapport à Delhi. Il fait chaud, j'ai soif tout le temps, je transpire même en pleine nuit et malgré quatre douches par jour je suis encore en nage! Mais comment font-ils?
Il faut savoir que malgré cette chaleur, les Thaï ne supportent pas d'arborer la moindre goutte de sueur, hormis les travailleurs de la DDE qui sont souvent couverts de la tête aux pieds. Ici, bronzer c'est pêché alors ils se protègent. Et pour les autres, c'est déo et surtout talc sur la gueule 10 fois par jour. Du coup j'évite le flash pour les photos sinon c'est « Auré au pays des mort
-vivants ». Et nous les blancs-becs on passe pour des porcs qui se lavent pas et qui puent à dix mètres.

  Un des trucs qu'on constate en arrivant en pays Thaï c'est qu'ils mangent toute la journée! Des fruits qu'ils agrémentent de sucre et d'épice, des milk-shakes, des glaces, des bonbons, des boulettes de bœuf, porc, poulet grillées au barbecue et caramélisées à chaque coin de rue... sans parler des arrêts minutes aux « 7eleven » omniprésents pour re-remplir leurs énormes verres de coca glacé... ils s'occidentalisent à grands pas et la finesse légendaire des asiatiques en prend un coup! La majorité des plats est à base de riz ou de noodles (pâte de riz, dont la Thaïlande est le premier exportateur mondial au passage) avec quelques légumes, cuits au wok et toujours sucrés et épicés à foison....
Ha oui, les « 7eleven » c'est ces milliers de superettes genre « 8 à huit » qu'on trouve partout mais qui ont renoncé à faire travailler leurs employés sur un rythme presque social de 7h – 11h pour répondre à la demande (des touristes notamment) en restant ouvert 24h/24.


  Pour tout vous dire, moi le sucré j'aime bien mais à petite dose. Et ici du sucré, y'a que ça! Résultat ça écœure un peu à la longue et j'me fais un petit plaisir steak/pizza de temps en temps histoire de remettre mon estomac dans le droit chemin.






  Si j'ai pris pas mal de temps pour finir ce post c'est sans doute parce que je me suis doucement adapté au rythme Thailandais, bien plus relax que celui que j'avais au début du voyage. Du coup je mon force moins à écrire quand l'inspiration n'y est pas, histoire de me laisser un peu plus porter par mon feeling du moment. Je me demande encore ce que je vais bien trouver à vous raconter ici mais bon après trois semaines de cette nouvelle étape de mon trip, y'a quand même pas mal de choses à dire.



  Ils sont extra ces Thaï, et le moins qu'on puisse dire c'est qu'ici on se sent bien!
Leur mot favori c'est Sanuk (qui se traduit par Fun, en gros). Ils mettent du Sanuk dans tout ce qu'ils font! Quand ils conduisent, ils s'amusent, quand ils font leurs courses avec les enfants, ils leur mettent 2Bahts dans la balance et « Hop, voilà du Sanuk! » Quand ils vont dans un bars avec des amis, bon ben, ils se bourrent la gueule assez franchement mais à chaque verre on a droit à un « Chok dee » général (littéralement « Bonne chance ») et tout le monde se marre! Et même quand ils bossent, ils s'arrêtent pas de se faire des petites blagues et des petites compliments histoire que tout le monde se sente bien! C'est ça le sourire Thaïlandais! On s'en fait pas trop, on reste optimiste et on essaie de profiter de tout ce qu'on a sans en faire de trop, sinon c'est plus Sanuk du tout!

  Biensûr il arrive que certains s'engueulent pour une connerie mais ça se règle en général très rapidement par un grand sourire spontané et chacun repart de son côté sans en venir aux insultes voire aux mains comme ça serait le cas chez nous. C'est très mal vu de perdre son self-contrôle, au risque de mettre tout le monde dans l'embarras, du coup ils ont acquis cette magnifique preuve de sagesse qui consiste à garder son sang froid en toute occasion. Le Bouddhisme y est pour beaucoup, c'est sûr! Et c'est la raison pour laquelle ils ont du mal à comprendre la réactions souvent agressives de certains touristes à la moindre incompréhension.



  Pour ce qui est de mon itinéraire en Thaïlande, j'ai naturellement commencé par Bangkok et son quartier touristique rempli de blancs où quelques « jaunes » osent encore s'aventurer pour vendre des T-shirts ultra originaux (la moitié étant dédiés aux marques de bières locales: Singha Chang, Leo, Tiger...) Je suis ensuite parti vers le nord, en commençant par les villes historiques d'Ayuthaya et Sukhothai (où j'ai réussi à refiler quelques « cours » d'anglais à des enfants de 8 et 10 ans pour me payer ma Guesthouse à 3euros la nuit).



 Le voyage en train entre Ayuthaya et Sukhothaï fut l'occasion pour moi de retrouver l'ambiance qu'on y avait trouvé au Vietnam avec Fred et Yo.
En fait quand on embarque dans un train Thaïlandais, il y a toujours un wagon restaurant où on ne s'entend pas parler, tellement le son du Karaoké est fort! Et le principe du Karaoké n'est pas de se prendre pour une PopStar comme on aurait tendance à le faire chez nous mais bien de faire rire le maximum de gens présents, pour la plus part un peu alcoolisé, qui n'ont que foutre d'entendre un ton de voix régulier, et cherchent plutôt à voir quelqu'un prendre du plaisir en chantant... tout simplement!



  Puis j'ai mis le cap sur Chiang Mai, encore une ville remplie de temples plus ou moins vieux et authentiques mais surtout très touristique. Pour ne rien vous cacher, mon expérience de Chiang Mai fut plus nocturne que diurne, et après quatre soirées passées à jouer au billard en apprenant de plus en plus de mots Thaï avec les nanas du Cherry bar, il était nécessaire que je change d'air, encore!



 J'ai donc pris un bus pour Chiang Rai, qui présente un peu moins d'intérêt que sa grande sœur mais qui m'a permis de venir m'isoler en pleine forêt dans un hôtel tout en Bambou perdu au milieu de plusieurs villages de tribus Thaï. J'ai d'ailleurs été convié à une sorte de festival annuel des différentes tribus, au cours duquel ils s'affrontent gentiment lors de différents jeux traditionnels: la balançoire géante, le tir à l'arbalète, le remplissage de bambous et la course d'échasses en équipe, ou encore le combat de boxe assis sur un gros bambou au dessus de la rivière...
  J'avais un peu l'impression d'assister à Interville en pleine Thaïlande, les vachettes en moins et la bonne humeur comme règle d'or.



  Je pense filer vers le Laos tout proche d'ici un jour ou deux et d'après ce qu'on m'a dit, ma tension nerveuse ne risque pas de s'accélérer de ci-tôt.
Il y'a un proverbe ici qui dit que:
« Les Vietnamiens plantent le riz, les Thaïlandais le regardent pousser et les Laossiens l'écoutent pousser. »
Ca promet!

Voilà, c'est tout pour cette fois... je vais essayer de mettre quelques photos en ligne d'ici peu (en language Thaï: avant la fin Avril, Ok?)

Bisous à tous!

vendredi 19 mars 2010

"C'était pour dire... heu... rien du tout!" (cf. Elie Semoun)

  Un petit post tout beau, tout neuf et tout... sans intérêt... pour vous avertir que:
"Hé, y'a des nouvelles photos!"

  Bref, vous en avez peut-être marre de mater des dizaines de photos du couillon qui glandouille en Asie mais au cas où ça vous intéresse encore un peu, je viens de mettre les quatre derniers albums de mes tribulations en Inde.



  Le prochain post sera sur le thème du sourire et j'ai un peu adopté le rythme Thaïlandais alors je prends mon temps pour vous faire partager mes retrouvailles avec l'Asie du sud-est... j'adore!

  Je vais essayer d'être à l'heure pour la pause du lundi matin, mais comme je suis toujours en vacances prolongées, rien n'est moins sûr!

  Je pense de moins en moins à vous mais bon, le blog me rappelle à l'ordre... et c'est pas plus mal.
Je déconne biensûr!

A très vite
Auré

lundi 8 mars 2010

Au fait James

Y'a des nouvelles photos... mais bon ca doit faire 15 jours maintenant...
Desole

"Derrière chaque Indien se cache un acteur...

et les meilleurs deviennent chauffeurs de rickshaw!"


  Trois semaines dejà... ça va je vous ai pas trop manqué?
  Et Phil, tu me piques mes blagues maintenant? J'avais vraiment pensé à la faire celle de "Ma Mecque à moi" de Patricia Kass, mais je suis heureux que tu aies pris les devants, ça m'a évité quelques moqueries de mes soit-disant amis...
  Sinon pour répondre à tes questions, je n'ai pas vu "Fish&Chips" mais je le note pour plus tard; les mariages arrangés représentent toujours une grande majorité des unions célébrées dans ce pays (a savoir l'Inde, pour ceux qui prendrai le blog en cours de route) et un poil moins dans les grandes villes, où les gens ont plus de facilité à trouver l'âme sœur et où le système des castes est un peu moins respecté. Ça s'appelle alors un Love mariage! Tout est dit!
  Sinon, pour ce qui est du best-seller, je suis en train de lire Maximum city, qui en est un de best-seller, écrit par un indien qui a passé son enfance aux USA et qui a alors beaucoup de mal à se ré-adapter à son pays en revenant avec sa femme et ses enfants. Il décrit tous les dessous du système politique et administratif de la ville de Bombay et revient amplement sur les origines et les conséquences d'attentats inter-religieux perpétrés dans le pays. Un peu longuet parfois mais vraiment intéressant! Et encore un grand merci pour tous tes commentaires percutants.

  Marie-(Barberine): tu es la seule à me laisser des commentaires sous le nom de "Marie" donc tu gardes l'exclusivité, les autres n'auront qu'à compléter par un signe distinctif: nom de famille, grain de beauté reconnaissable ou autres mensurations détaillées... James, je crois que ton humour me manque de plus en plus.

  Cyril: je serai à Bangkok du 8 au 12 mars donc pour l'entretien individuel, si tu vises bien on devrait pas avoir de mal à trouver un petit bar sympa dans le quartier des routards. Sinon j'ai bien pensé à piquer une tête dans le Gange comme tu me l'avais suggéré mais vu les cadavres de bébés, d'animaux et la quantité de saloperie qu'ils y déversent, j'ai renoncé... Comme a dit Mark Twain, (un humouriste Américain, apparemment):
"Aucun microbe qui se respecte ne saurait vivre dans une eau pareille!"

Et un gros bisous à tous les autres pour vos commentaires et vos questions concernant mes posts et mes photos. C'est juste pas évident pour moi de vous répondre individuellement à chaque fois... c'est vrai que parfois, je frole le surménage!



  Bon je pense que je vous ai laissé assez de temps pour digérer mon précédent paquet de conneries à propos de mon petit périple au pays des mamelles sacrées et que vous êtes à nouveau d'attaque pour un nouvel épisode.

  Me voilà rendu à Delhi, capitale Indienne hyper-active, aux rues toutes cassées (amélioration des infrastructures pour les CommonWealth Games de 2010 oblige) et qui laisse en général un ressenti assez amer à la grande majorité des touristes qui attaquent l'Inde par cette ville pour le moins... hostile. Ça grouille, ça tut-tute, ça gueule, ça te lâche pas la grappe... et c'est vrai que pour t'acclimater, c'est pas le meilleur endroit. Et puis avec leurs plans des bus, on est pas rendu:

Ca doit être ca le don d'ubiquité...

  Cela dit, j'ai l'impression que les chauffeurs de rickshaw et autres vendeurs de tee-shirts sont un peu moins coriaces que dans certains endroits que j'ai fini par haïr ces derniers jours (à savoir Agra et Jaipur). Est-ce lié à une très relative adaptation de ma part ou au fait qu'il y aura toujours un autre portefeuille sur pattes à rogner derrière moi dans cette ville? Je dirais: un peu des deux!



  Allez, J-2 avant de reprendre l'avion pour Bangkok, il est grand temps que je vide mon sac! Loin de moi l'idée de vous décourager de venir "tourister" dans le coin, juste envie de vous expliquer en quelques lignes, pourquoi il est parfois difficile de se retenir d'exploser psychologiquement quand on voyage dans ce beau pays...et si t'es une femme, blanche voyageant seule, "pour toi ça sera très dur!"
Pour la petite histoire, on en a surpris un qui se branlait tranquillement a 20m de nous en matant deux allemandes qui visitaient un cimetiere hindou en meme temps que moi. Encore une fois, c'est un cas isolé, mais franchement, dans un cimetière... Merde quoi!

  Pas d'Indiens dans la salle? Pas d'esprits étroits qui pourraient prendre tout ça au premier degrés?
Allez j'me lance.

  En fait tout est lié à la densité de population totalement inhabituelle pour nous, au nombre de gens qui vivent du tourisme et à notre niveau d'expérience du voyage en pays non-occidentaux. Non c'est promis je m'arrête avant la thèse sur le sujet. Voilà donc quelques exemples concrets pour vous aider à mieux saisir mon propos.

  Quelque soit l'endroit où on débarque ici, on est forcément confronté à une nuée de chauffeurs de taxi et de rickshaw, les touc-touc indiens si vous préférez; quoi? Vous savez pas ce qu'est un touc-touc? Faut sortir du bled de temps en temps! Bon un scooter avec trois roues, un pare-brise, une bâche de protection et un gentil driver qui veut te faire payer le maximum, ça va là? Certains n'hésitant pas à venir te cueillir à la porte du wagon et commencent déjà leur baratin de gentil driver qui fait un doctorat sur les touristes en Inde, les questions s'enchaînant inlassablement:
"Name?", "Country name?", "Single?", "How long here?" pour finalement arriver à "What's your budget?" et j'en passe.
  Ni "Bonjour" ni "Merde", toi, les yeux encore tous collés de ta nuit passé à essayer de fermer un peu l'œil entre deux arrêts en gare avec le sifflement rarement interrompu par le gentil conducteur de train et les gens qui s'installent à 2h du mat tel un troupeau d'éléphants mais en beaucoup plus bavards et à la mémoire tellement plus courte qu'ils te laissent la lumière allumée à 30cm de la gueule genre: "Rien à foutre, mon gars, fallait pas venir en Inde!"



  En même temps, tu t'es tellement préparé à te faire cueillir par une horde de mecs qui pensent qu'à leur commission en t'amenant dans un des hôtels de LEUR choix et à leur course trois fois plus chère que la normale, que finalement tu prends l'habitude de ne pas leur répondre et surtout de ne croiser le regard de personne avant d'être à un bon 500m de la gare en question. Ces mecs là sont des dieux de la persévérance, t'as beau leur dire que t'as pas besoin d'eux, que tu sais où tu vas et que t'y vas à pied, qu'on vient te chercher, que t'as réserver ton hôtel... rien à faire, le gars sera toujours là à te demander où tu veux aller. Du coup une seule réponse en tête dans ce genre de moment d'agacement profond: "En France connard! Je veux rentrer en France!"

  Tu pourrais lui raconter que t'as juste une heure à passer là pour casser la croûte entre 2 trains, qu'il te baratinerait encore qu'il connait le patron du meilleur hôtel de la ville et qu'il peut t'avoir gratuitement la chambre où Britney Spears a passé la nuit la veille. C'est simple, ils s'arrêtent jamais! Au delà du fait qu'ils peuvent parler pendant des heures sans que tu les relances le moins du monde, si tu les remballent à plusieurs reprises, ils ravalent leur fierté et attaquent de plus belle.
  Du coup tu choisis un monument pas loin du coin à touristes pour pas citer un nom d'hôtel où aller, sinon, t'as la droit au traditionnel: "C'est complet, fermé, ça a brûlé, Britney Spears l'a racheté hier..."

  Sur le trajet tu esquives toutes ses tentatives d'interrogatoire alors qu'il te récite les 25 noms de GuestHouses qui se trouvent dans un rayon de 500m autour du monument et tu finis par bondir du triporteur en lui balançant tes biftons à la gueule et en te mettant à courir vers la première ruelle pour essayer de semer le bonhomme. Mais il est rarement en retard quand tu franchis la porte de la première auberge que t'as repéré et te balance le nom de l'hôtel et le prix de la chambre afin que le proprio l'entende et qu'il puisse ainsi prétendre à une quelconque commission si tu restes crécher là. Bref tu craques et lui dit de se casser gentiment puis de plus en plus violemment jusqu'à finir par lui claquer la porte à la gueule à chaque fois que tu trouves une nouvelle adresse apparemment dans ton budget.

  J'ai même tenté le coup du "Where are you from?"
Réponse: "The moon", au moins le mec est figé pour une demi-seconde, mais j'en ai quand même un qui a enchainé comme si de rien était par:
"Very nice country" and "Where do you want to go?"



  Bien sûr ça ne se passe pas toujours comme ça et certaines villes sont pires que d'autres car l'intérêt touristique amène certainement beaucoup plus de touristes, ce qui accroit naturellement le nombre de chauffeurs, rabatteurs d'hôtels et autres guides (plus ou moins officiels bien entendu) qui réclament tous leur part du gâteau, enfin si on peut appeler ça une part...
  Pour vous donner une idée, il est très courant de voir les chauffeurs de rickshaw et encore plus ceux à pédale, dormir dans le seul bien qu'ils possèdent: cad leur véhicule. Une course "moyenne" coûte moins de 30 Rs (50 centimes d'euros), alors il n'est pas étonnant qu'il essayent de nous la faire payer jusqu'à 100 Rs pour la même distance, d'autant que certains groupes de touristes occidentaux écervelés n'hésitent pas à lâcher entre 5 et 20 euros chacun à de faux "prêtres" hindous après avoir reçu une simple trace de bouse de vache sur le front en guise de porte bonheur. Le prêtre peut ramasser jusqu'à 100 euros d'un coup: 6000 Rs soit le salaire moyen d'un ouvrier Indien en une demie journée... Moi aussi je veux bien faire vœu de chasteté à ce prix là! Si, si, je veux bien! D'autant que depuis que je suis là, ma libido joue les encéphalogramme plat, alors... Remarquez, vu le nombre de nanas qu'on croise en Inde et le mal qu'on a à leur décrocher deux mots quand on en croise une, ça m'évite des tensions supplémentaires! Mais tout celi n'a strictement rien à voir avec notre propos. Oulà, tu t'égares Auré, tu t'égares!
  Où j'en étais déjà?
Ah oui, ces couillons de touristes aux poches remplies de billets, qui n'ont jamais négocié une course en rickshaw ou fait la queue à la gare pour obtenir un billet de train, du coup quand tu passes après, on veut te faire croire que la course d'un petit km vaut 3 à 5 fois le prix que t'as l'habitude de payer? On te prend pour un con et au bout du dixième qui persiste, t'as qu'une envie: tous les butter pour passer tes nerfs mis à vif par un trop plein de soleil, de "Hello, what's your name?" puis "Just have a look, you don't buy anything", et des 14 gamins qui te courent après en te disant "Hello, pen?", "Hello, chocolate?", "Hello, picture? 10 roupies?" Et encore je vous ai pas parlé des groupes d'adolescents qui veulent absolument vous serrer la main et être pris en photo à vos côtés, les uns après les autres; ni des masseurs qui vous serrent la main dans le seul but de ne plus la lâcher et commencent fermement à vous masser le bras au milieu de la rue; ou encore des mendiants en tout genre, qui s'écorchent parfois volontairement un bout de jambe pour vous amadouer plus facilement... HHHHHHHAAAAAAAA!!!!!!!
  Bref y'a des jours où on craque et là pas trop le choix: "Tu trouves un coin un peu isolé et tu commandes un bon petit Lassi (sorte de yogourt liquide naturel) en attendant que ça passe!

Merde, les gars, on avait dit un Lassi!

Y'a un proverbe Indien qui résume bien tout ça:
"Si tu es patient, l'Inde te rendra impatient!
Si tu es impatient, l'Inde te rendra patient!!"
  J'ai parlé de tout ça avec plusieurs Indiens, et concernant leur curiosité à notre égard, la meilleur explication que j'ai eu, après 10 minutes de discussion avec 3 nanas de Delhi en visite à Agra, (une fois n'est pas coutume) c'était:
"Pour nous, vous êtes un peu comme des dieux!"
  Ca calme, non? Au début j'ai été franchement surpris, voire carrément gêné par cette comparaison hors norme, mais c'est vrai qu'on nous observe comme des stars. Ils nous regardent de la tête aux pieds avec leur sans-gêne typiquement indien, les plus courageux venant tenter la séance photo ou leur petite approche qui s'arrête très souvent après les 3 ou 4 premières questions. Plutôt frustrant. Il est d'ailleurs quasiment impossible de s'assoir sur un banc en contemplant un coucher de soleil sans qu'ils viennent défiler à nos côtés.
  Mais imaginez une petite seconde si un chanteur un peu en vogue attendait au même arrêt de bus que vous. Vous n'iriez pas lui demander votre petite photo ou un autographe? "Il a rien de mieux à faire, après tout". Hé oui, c'est humain, et c'est ce qu'on endure en permanence en visitant l'Inde notamment.


  Finalement le plus rageant dans tout ça c'est que je suis le seul à pouvoir contrôler ces moments de saturation en renforçant jour après jour ma résistance à leur harcellement permanent. Depuis trois semaines, mon moral joue les yoyo, oscillant entre "C'est tous des connards qui vivent dans un pays débile" et "Ils sont vraiment rigolos ces indiens avec leurs manières de gamins parfois et cette obstination sans borne."
  Par exemple il n'est pas rare de voir les serveurs d'un resto pas franchement bas de gamme te servir tranquillou ( "Thola, thola" comme ils disent ici) , le portable dans une main et la clope dans l'autre... mais sans Jemenfoutisme pour autant. Juste une façon d'être.
  Ici, jamais de s'il vous plait, de merci, de pardon ou de delicatesse d'aucune sorte... sauf si tu comptes soutirer quelques roupies a un "gentil" touriste... Encore une histoire de densite de population je suppose.
  Un indien ne recule jamais! Qu'il soit au volant de sa bagnole ou à pied, il est inconcevable de faire marche arrière pour laisser passer quelqu'un ou pour faciliter un croisement dans un escalier étroit, entre autre. C'est tout simplement impossible, ils avancent en toutes circonstances et leurs comportements suivent des principes du genre:
"Quand y'a plus de place, y'en a encore, en tout cas pour moi."
"Quand c'est pas possible, y'a toujours un moyen de moyenner, pour pas dire monnayer."
"Klaxonne un coup, ça fera de la place devant."
"Mais pourquoi tu t'énerves, c'est pas parce que j'te cause que tu peux pas regarder ton foutu coucher de soleil!"

  Allez, j'arrete de noircir le tableau par pure vengeance puérile.
Heureusement  le pays est plein de merveilles, et on rencontre parfois quelques Indiens vraiment intéressés par un échange sincère sur nos manières de vivre, notre famille, notre boulot et le pourquoi d'un voyage comme le mien, entre autre. On inverse alors les rôles et c'est moi qui leur sert un interrogatoire rigoureux afin de profiter au maximum de ce moment privilégié.
  Malheureusement je ne suis pas toujours de très bonne humeur et il m'est arrivé de sabrer le dialogue par un trop plein d'honnêteté. La discussion ayant donné à peu près ça:
Lui: "Alors l'Inde ça vous plaît?"
Moi: "Oui et non" moue très étonné du gars en question, d'habitude on se contente d'un: "Oué, c'est génial"
Lui: "Pourquoi non?"
Moi: "Le pays est plein de richesses mais je supporte plus les gens!" regard éberlué du mec qui n'en croyait pas ses oreilles.

  J'ai eu beau essayer de justifier mon propos en le modérant peu à peu, rien n'y a fait. Il était impossible de concevoir que l'on soit parfois fatigué mentalement et physiquement et qu'il nous arrivait donc d'avoir envie d'être seul! Dommage pour une fois ça aurait pu être une bonne discussion, j'avais à faire à un professeur en médecine marié à une indienne vivant à Londres, destination qu'il s'apprêtait à rejoindre.
  Et moi, ce jour là, j'ai tout balancé. Tant Pis!

  Pour donner une note positive a ce post, voila une des choses sympas qui me sont arrivées récemment: j'ai eu l'occasion de célébrer le "Holi Festival". C'est une des nombreuses fêtes religieuses qui dure deux jours. Le premier jour est l'occasion pour eux de décorer un peu les rues et de monter des estrades pour y donner quelques spectacles le soir même. Puis ils brûlent une belle branche d'arbre plantée dans le sol pour clôturer la soirée. Le deuxième jour, ils se balancent des tonnes de poudre de peintures multi-colores avec un peu d'eau de temps en temps, histoire de se tartiner d'une bonne mélasse grisâtre sans oublier de se souhaitant un « Happy holi » toutes les 30 secondes.

Oups, j'a oublie les photos sur l'ordi a l'hotel... ce sera pour dans qq jours.
 Plein de signification religieuse derrière tout ça mais j'avoue que j'ai pas tout saisi alors pour les plus indiens, heu pardon... pour les plus curieux d'entre vous, on tape "Holi Festival" sur notre ami Google et j'attends vos résumés pour la semaine prochaine.
  C'était plutôt bon enfant comme fête et j'ai eu la bonne idée de me trouver dans une petite ville à ce moment là, afin d'éviter les mouvements de foule et les adaptations modernes genre « rave party » en plein jour des grandes villes touristiques. Pour compléter le tableau, les mecs se shootent avec une espèce de résine de cannabis à chiquer, s'arrosent gentiment au whisky du matin au soir et le badigeonnage d'étrangères est pour certains, une occasion rare de leur peloter les seins et le cul en toute impunité religieuse... Un peu blasées les meufs... D'ailleurs une fois de plus, les femmes ne participent pas à cette fête, hormis le spectacle du premier soir.



  Voila, je pourrais encore vous raconter comment j'ai atterri à Bundi dans une super guesthouse tenue par une femme et ses deux filles après la mort du mari et combien elles ont du se battre pour imposer qu'une femme seule accueille des étrangers dans cette authentique Havelli vieille de 400 ans; vous décrire un peu l'atmosphère reposante que j'ai ressenti à Varanasi entre cours de Yoga et promenades sur les ghats le long du Gange ou dans le labyrinthe de ses ruelles; vous présenter la double architecture de Jaiupur, la vieille ville quadrillée aux belles façades roses s'opposant à de plus en plus de centres commerciaux enfermés dans des tours de verre ultra-modernes; ou encore mon excursion dans une école de Fatehpur Sikri alors que je ne faisais que passer dans un village où peu d'étrangers s'aventurent, les profs d'anglais m'ayant alors invités à faire une petite présentation de mon pays et de mon métier...



mais le temps manque alors je vais en rester là pour aujourd'hui. Mon prochain post sera Thaïlandais et j'avoue que je ne suis pas contre ce changement d'atmosphère.
  Encore une fois l'Inde est un pays magnifique qui mérite vraiment qu'on le visite mais il faut être en forme et je ne suis pas sûr que la multiplication des étapes comme je l'ai fait, m'aie aidé à garder une sérénité à l'épreuve de leur persévérance et de leur nombre. Pour ne plus vouloir en partir, comme beaucoup le prétendent, je pense qu'il faut vraiment rester vivre un peu a un endroit précis, en evitant Delhi, afin de trouver ses reperes et de se fondre un peu dans le paysage.

  En conclusion je dirais que j'ai  deteste l'Inde autant que je l'ai adore!
Plein de bonnes choses à tous et encore felicitations a Juju et Sylvain pour la naissance de leur belle petite Gabrielle ;)