mercredi 18 août 2010

Attention, un post peut en cacher un autre!

Deux posts pour le prix d'un, donc!

 Je viens de poster mon dernier message quinze jours après avoir quitté le Nouvelle-Calédonie et ne résiste pas à l'envie de vous faire découvrir quelques vidéos de mon trip en Australie, et oui j'ai bien dit des vidéos! J'ai enfin trouvé le bouton « REC », après sept mois de voyage, la honte!
  J'ai également oublié de mentionner vous merveilleux commentaires qui m'ont fait chaud au coeur et qui m'ont bien fait rire, une fois de plus. Si je me risque à  renvoyer une petit mot perso pour chacun, on a pas fini de se renvoyer la balle, alors juste une grosse pensée à tous.
  Allez j'arrête les violons...


http://picasaweb.google.com/lh/photo/9zYS8u66pVhby07x9nSpPg?feat=directlink

http://picasaweb.google.com/lh/photo/fTwsOc0bujjQ5yiyRFO7pQ?feat=directlink


Bonne lecture, bon visionnage et bonne fin d'été à tous ;)
Auré

mardi 17 août 2010

Nouméa Express



  Pourquoi "Nouméa Express"? Pour deux raisons en fait. La première, c'est que je me suis donné douze jours pour visiter la Nouvelle-Calédonie, coincés entre mes dix jours de méditation et trois petites semaines en Australie... ce qui fait assez court quand on voit l'étendue de l'île, sans parler des îles Loyauté qui l'accompagnent, toutes paradisiaques mais toutes différentes. Moi qui n'avais même pas le budget pour louer une voiture, ça paraissait difficile de tout voir en si peu de temps... Ce qui m'amène à la deuxième raison: le stop! Et comme m'a dit le fils d'un Caldoche (voir la définition dans le glossaire en pièce jointe) qui m'a vu débarqué à l'arrache pour la nuit:
"En fait c'est un peu comme Pékin express ton voyage, mais à Nouméa, C'est ça?" Ben oué, ça a donné à peu prés ça la Nouvelle-Calédonie pour moi.

  Tout a commencé à l'aéroport de Jakarta quand je me suis enfin décidé à me renseigner sur le prix des hébergements à prévoir sur le caillou, une quinzaine d'heures avant d'y être. Et là, demie surprise, ça a l'air exorbitant comparé à ce que j'avais connu jusque là. Je me dis alors que ça pourrait être une bonne idée de sortir la carte "CouchSurfing" que je n'avais pas encore vraiment exploitée.
Pour ceux qui connaissent pas encore le principe formidable du CouchSurfing, à la page du Glossaire correspondante, y'a marqué:
  "Site internet mettant en contact, d'un côté, des voyageurs de tous horizons en quête de rencontres locales et d'un logement à petit budget (en l'occurrence gratuit) avec, de l'autre, de gentils CouchSurfeurs habitants aux quatre coins du monde, tout aussi fervents de rencontres enrichissantes et se proposant d'héberger gracieusement les voyageurs sus-mentionnés à condition que le feeling passe bien."
  J'envoie donc deux mails de premier contact à des CouchSurfeurs de Nouméa (heu, le voyageur fauché dans l'histoire, c'est moi bien sûr!) pour recevoir une réponse positive de Fred et Charlotte qui acceptaient de m'héberger dès mon arrivée. Chouette! Je savais où passer ma première nuit. En arrivant à Nouméa je m'aperçois que mon sac n'avait pas couru aussi vite que moi pendant la petite heure d'escale que nous avions eu à Sydney pour sauter dans le deuxième avion. Un mal pour un bien en fin de compte, puisque je n'aurais pas à me le trimballer lors de ma première journée de visite. Hé oui les CouchSurfeurs en semaine ils bossent en général donc pas d'endroit pour déposer mémère! Après les formalités d'usage, je me fais ramener gratos de l'aéroport par une calédonienne qui avait connu les même déboires de sac unijambiste. En fait c'est le fils de celle-ci qui était venu me chercher.. heu la chercher, et qui m'a fait au passage une visite guidée de Nouméa, baies après baies, avant de me déposer au centre ville en me laissant sa carte en cas de pépin... plutôt cool comme première impression!

  Après un aprem balade, et ramassage de cartes à l'office du tourisme (hé non mon p'tit Yo, je suis pas encore sevré), je trouve enfin la maison de mes hôtes d'une nuit. Et quels hôtes! Le sourire pour commencer, puis le dîner autour d'un petit Bordeaux que je m'étais fait un plaisir de leur ramener (ça aussi, ça commençait à me manquer), des conseils en pagaille, pour finir par des coups de fils à des amis d'amis qui m'accueilleront à coup sûr dans différents coins de l'île... j'avais frappé à la bonne porte! Vraiment extra le couple Fred et Cha!

  Le lendemain je repars donc avec des idées plein la tête et mon carnet d'adresses rempli de numéros de téléphone, direction l'aéroport afin de récupérer mon sac. Une fois la grosse Bertha retrouvée, je me poste sur le bord de la route, le pousse tendu et le smile bien en évidence pour tenter d'économiser le prix du bus (aux horaires limités apparemment) et de vérifier si cette pratique qui est maintenant considérée comme quasi-suicidaire en France est toujours en vigueur en NC comme on me l'a prédit. Effectivement je n'ai pas attendu plus de 5 minutes avant que trois chauffeurs et chauffeuse successifs ("conductrice", James, "conductrice"...) ne m'emmènent gentiment à ma première halte sur la côte ouest. Je devais alors contacter une certaine Sophie Brun, travaillant au lycée de Bourail, et apparemment extra-cool, des dires de Fred et Charlotte. Je cite: « Sophie, elle faisait du CouchSurfing avant que le site existe, c'est clair! »
Je l'appelle donc pour la prévenir de mon arrivée, et elle de m'inviter à trouver sa maison, à faire comme chez moi, à me servir dans le frigo, et à emprunter son vélo en attendant son retour du travail... Accueillante, oui, c'est le mot!
  Je trouve donc l'ancienne ferme super aménagée qu'elle habite en pleine campagne et fais assez rapidement la connaissance de Thibaut, un de ses collègues temporaire du lycée qu'elle héberge gentiment pour 3 semaines. Puis je découvre finalement l'inimitable Sophie Brun à l'histoire touchante et pleine d'authenticité, dont le petit voyageur que je suis en train de devenir ne pu s'empêcher de tirer quelques leçons de vie. J'ai également rencontré la plupart de leurs collègues, le soir même, puisqu'un pot de départ était prévu de longues dates et que j'y était tout naturellement convié... elle est pas belle la vie?
  Un petit truc que je trouve toujours marrant dans les pays tropicaux, c'est de voir des vaches brouter dans un champs rempli de cocotiers... je sais c'est con mais pour mon cerveau de citadin, ça va pas ensemble. Et puis tu fais pas un pas à moins de cinquante mètres d'un troupeau sans qu'elles se mettent à te fixer fermement du regard... "Oups, vous dérangez-pas pour moi les filles, je fais que passer, vous savez..." Mais comme dit Sophie, "Ici, y'a pas de train, alors faut bien qu'elles trouvent un truc à mater!" C'est pas faux, c'est pas faux!



  J'ai ainsi profité de son hospitalité sans borne pendant trois jours avant de me ressortir les pouces pour rejoindre un autre ami de Fred et Charlotte: j'ai nommé Jacki Quentin. Un autre personnage atypique, très gentil, qui m'a ouvert sa porte pour une soirée à discuter autour d'une bière et de copieux morceaux de cerf qu'il venait de chasser avec son fils de quinze ans. Et oui, parce que les Caldoches, comme Jacki, ils ont l'habitude d'aller chasser et pêcher dès qu'ils ont un moment, comme les Kanaks d'ailleurs. Alors que les Zoreilles comme Charlotte et les Expats comme Fred, eux ils sont plutôt branchés nautisme ou plongée, vous suivez? Oui je sais, au début on rame un peu, parce que la Nouvelle Calédonie c'est un sacré mélange de populations finalement.

  Alors pour vous la faire courte, au début y'avait... les dinosaures! Oui... mais juste après en Nouvelle-Calédonie, y'avait les Kanaks ou Mélanésiens, les noirs, en clair, enfin en plus explicite plutôt, qui représentent 45% de la population actuelle. Puis sont arrivés les Caldoches, principalement d'origine française, descendants d'anciens bagnards ou de colons libres. Les Caldoches représentent 35% de la population. Ils sont parfois métisses, comme Jacki, puisqu'au fil des générations, les mariages Caldoche-Kanaks n'étaient pas rares. Les blancs installés sur l'île depuis un certain temps mais non-Caldoche sont appelés Zoreilles (comme dans les antilles ou à la Réunion, bisous doudou Dijoux) et les plus récents sont des expats, tout simplement, sans oublier les vagabonds qui viennent profiter de la gentillesse de tout ce beau monde, à savoir moi! Tant que j'y suis, ce tableau des différents Calédoniens ne serait pas complet si je ne parlais pas des Indonésiens, Vietnamiens, Chinois, Wallisiens, Arabes et j'en oublie qui sont venus ici chercher du travail depuis le début du siècle dernier. Comme d'hab, pour ceux que ça intéresse:

  J'en ai fini avec cette minute culturelle et comme disent les Guignols (au fait, ils existent encore?): "Vous pouvez maintenant éteindre votre ordinateur et reprendre une activité normale!"

Heu, en fait non... j'ai pas fini!

  Donc les dinosaures, les Kanak, les... Ha oui, donc après avoir passé une soirée à me faire expliquer tout ça par Jacki, le Caldoche et ami de Fred et Charlotte, bon prenez des notes, là, je vais pas tout répéter tout le temps; j'ai retrouvé Marie-Louise, une Kanak mariée au chef de la tribu de Haut-Coulna, située dans le nord-est de l'île pour passer le week-end en pleine nature et surtout assister à une coutume de mariage. "Et allez, encore une minute culturelle... ça devient chiant ton blog Auré!"
  Marie-Louise est en fait une amie de Sophie et je tombais plutôt bien puisque ce week-end là Marie-Louise avait déjà prévu d'emmener un couple d'amis Rochellois très sympas dans sa tribu pour leur faire découvrir cette fameuse coutume. Je me suis donc discrètement greffé au groupe.
  Ce qu'il faut savoir lorsqu'on est reçu dans une tribu en Nouvelle-Calédonie c'est qu'on se doit, pour respecter les traditions de "faire la coutume", c'est à dire de glisser un petit cadeau (du café ou du tabac par exemple) et une petit billet dans un morceau de tissu de coutume et de l'offrir au chef de la tribu en expliquant, en quelques mots, la raison de notre venue. Cette tradition a pour but d'être bien accepté par tous les habitants de la tribu lors de notre passage.
  La coutume de mariage, elle, correspond à la cérémonie qui a lieu lors du premier jour d'un mariage Kanak. Lors de celle-ci, les hommes rattachés à la famille du marié se divise en trois groupes pour rassembler une quantité incroyable de nourriture (sucre, riz, manioc, ignames, fruits, viande...), de tissus et de cadeaux plus précieux, entre autres choses pour l'offrir à la famille de la mariée. Ils forment trois groupes dont chacun porte un nom, que j'ai oublié, et tout ce qu'ils ont ainsi rassemblé est offert au clan de la mariée pour ouvrir et officialiser de façon irréversible le lien nouveau entre leur deux clans. Les femmes, quant à elles, préparent le repas de leur côté et le mariage dure pendant trois jours, avec les cérémonies plus classiques à la mairie et à l'église le deuxième jour, suivies d'une grosse fête ou les centaines d'invités (jusqu'à 600 parfois) dansent et chantent jusqu'au petit matin, non sans s'encourager de quelques gorgées d'hydromel local!!



  Nous n'avons participé qu'à la première journée, celle de la coutume, mais c'est de toute évidence la plus enrichissante d'un point d'un point de vue culturel. Le reste du week-end fut partagé entre balades champêtres dans les environs de la tribu et rencontres avec la famille de Marie-Louise et ses voisins. Encore un moment passionnant où j'ai été reçu comme un roi par ces gens que je ne connaissais pas trois jours auparavant!

Et devinez où j'ai dormi le soir suivant? Chez mon cousin Erwann et sa charmante femme Virginie, qui habitent dans une superbe baraque sur les hauteurs de Nouméa après 8h et 400km de stop. En fait je n'avais pas les coordonnées d'Erwann avant d'arriver sur l'île et n'ai pu les prévenir que le matin même! Un peu gonflé le mec, non? Je n'avais vu Erwann que deux fois dans ma vie, du coup ce passage éclair m'a permis de les découvrir et d'en apprendre un peu plus sur la vie d'expatrié d'Erwann. Virginie, elle, est née ici et n'est plus qu'à quelques mois de donner naissance à leur premier enfant. Inutile de vous dire que j'ai encore une fois été accueilli à bras ouverts, et qu'ils se sont mis en quatre pour arranger mes galères de routards:
"Heu, Erwann, j'ai plus une thune pour payer le taxi et remonter de l'aéroport, tu pourrais venir me chercher, s'il te plaît?"
Une vraie plaie, j'vous jure!



  Il me restait alors cinq jours pour profiter de ma halte rapide de ce côté du globe et j'ai donc décidé de les passer sur une petite île à quelques km à peine de la grande terre: l'île des Pins.

Petit caillou aux plages de rêves mais avec un temps plutôt mitigé où j'ai sorti ma tente une place pour ne pas payer les hébergements un peu trop onéreux pour mon budget. J'ai donc débarqué le premier soir à la nuit tombée dans un camping désert (les gérants ne dormant pas sur place et étant le seul campeur), après m'y être gracieusement fait déposé par le chauffeur du très prestigieux Méridien, tout proche. N'ayant pas encore acheté de bouteille de gaz, j'ai jeté la boîte de raviolis dans les restes d'un feu aux braises encore rouges, authentique, pour me régaler en essayant de deviner les contours de la piscine naturelle qui fait la réputation du lieu: terrible. Les bruits de cochons sauvages et de chiens fouillant les poubelles n'étaient pas des plus rassurant mais qu'importe, la nuit fut plutôt bonne et la découverte du lieu au petit jour, un vrai régal!



  Après une autre nuit passée sur place, la pluie et l'ennui m'ont poussé à me faire déposer, toujours en stop, de l'autre côté de l'île où j'ai fait la connaissance de Benjamin, un dentiste vraiment cool, exilé sur la Grande-terre pour encore quelques semaines et qui m'a tout naturellement proposé de partager sa case pour m'éviter de monter ma tente entre deux averses. Il m'a permis de faire la connaissance d'un autre routard, très bon esprit, Christophe, qui a commencé son trip par une traversée de l'atlantique, respect, puis quelques mois en Afrique et continue en suivant à peu près le même itinéraire que moi mais en sens inverse! On s'est d'ailleurs fait invités à prendre l'apéro par de jeunes retraités en balade sur leur magnifique voilier de 45 pieds; et j'avoue que l'idée de me jeter à l'eau commence à germer, hé, hé ;)

L'histoire ne serait pas complète si je ne parlais pas de cette petite Mamie adorable que j'ai aidé à planter quelques plantes pendant qu'elle me racontait l'histoire des premiers voyageurs Soccodo qu'elle prenait plaisir à héberger au temps où il n'y avait pas encore de camping sur l'île. Elle voulait biensûr parler des routards et de leurs "Sacs à dos", mais j'ai mis quelques bonnes minutes à percuter, véridique! Et puis ce généreux passager de mon vol de retour de l'île des Pins qui voyant que je ne trouvais pas de consigne pour déposer mon sac l'après-midi en attendant de retrouver Virginie et Erwann pour ma dernière soirée à Nouméa, me l'a tout bonnement gardé dans sa bagnole et est venu me le ramener en fin d'aprem... après échange de numéros, noms et plaque d'immatriculation, je vous rassure.



La dernière soirée fut une énième occasion de faire de belles rencontres, à savoir les amis de Virginie et Erwann qui avaient prévu une soirée et m'ont invité à me joindre à eux, bonne humeur garantie et avérée.

Bon, je crois que c'est plutôt clair! L'expérience en Nouvelle-Calédonie m'a permis de voir à quel point beaucoup de gens peuvent être généreux, souriants et avides d'échange. Biensûr j'en connaissais certains et le bouche à oreille aide à mettre les gens en confiance. Biensûr la chance a joué en ma faveur, encore une fois et j'ai pris mon mal en patience quand je voyais que les choses ne se déroulaient pas tout à fait comme je le voulais, surtout avec les aléas du stop. Je sais aussi qu'il faut rester méfiant et qu'ici comme ailleurs, les gens peuvent être mal-intentionnés, méchants ou avoir l'alcool mauvais, et qu'on peut se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Mais ce que j'ai vu sur cette île, ce sont des gens venus d'ici et aussi beaucoup d'ailleurs qui essayent encore aujourd'hui d'apprendre à vivre ensemble et à se respecter et qui se battent bien souvent pour continuer à se saluer, à part peut-être à Nouméa (les villes ne sont pas faites pour ça), à ne pas trop faire de généralités et qui n'ont pas oublié qu'aider son prochain est une condition essentielle à la vie en communauté.

Alors, je n'ai qu'un mot à dire: Merci!
Merci à tous ceux qui m'ont tendu la main, et souvent bien plus que ça, lors de mon escapade en Nouvelle-Calédonie et qui m'ont permis de visiter cet archipel magnifique sans dépasser mon budget de 15 euros par jours (si, si!) et m'ont surtout aidé à découvrir et comprendre ses multiples facettes!

Merci, merci, merci, du fond du cœur!

mardi 3 août 2010

T'as fait quoi pour fêter tes 6 mois de voyage?


  J'ai médité ! ! !  :(

  Et Auré, elles sont où tes photos d'Indonésie?
Heu... ben... j'en ai pas pris des masses à vrai dire... et puis même pas pris le temps de trier les 3 pauvres clichés que j'ai dans le fond de ma carte mémoire, donc ceux qui ont pris l'habitude de survoler mes superbes logorrhées en regardant que les images se verront pour cette fois obligés de prendre un peu plus de temps que les mois précédents, hé, hé, hé

  Bon faut que j'vous explique. Après avoir copieusement bullé à Kanchanaburi, j'ai passé une dernière soirée sur Bangkok et ai mis le cap sur Bali.
  Et quand on arrive sur Bali, la première ville à voir c'est Kota, mais là faut pas s'attendre à être tout seul sur une petite crique perdue; non, l'usine touristique Balinaise s'apparente plus à une grosse ville du sud de la France en plein mois d'août, saturée de trafic motorisé et de quelques calèches à touristes, bordée d'une immense plage de sable blanc où les surfeurs débutants et les bandes de touristes Australiens s'agglutinent en masse. Le soir, tout ce petit monde coure d'happy hour en happy hour afin de se gorger de Bintang (la bière locale) à prix cassé avant de finir dans une des grosses boîtes de la ville où les rares locales qui s'y aventurent sont avant tout là pour le travail... si vous voyez ce que j'veux dire...
« Heu... Auré, on voit toujours c'que tu veux dire! »

  Vous l'aurez compris, une journée et demi à Kota, et ma première heure de cours de surf plus tard, je décidais de m'éloigner de cette ambiance incompatible avec mon esprit de routard en quête de découvertes locales. Je suis donc parti faire le tour de l'île en scooter (125cc, s'il vous plaît) pendant neuf jours. Je me suis un peu arraché les cheveux pour m'habituer au trafic, aux habitudes de conduite sans règles strictes et au manque de panneaux de direction clairs, mais une fois ces petits désagréments acceptés, le sentiment de liberté m'a procuré un vrai plaisir. J'ai donc commencé par visiter Ubud, capitale de l'art Balinais, située au centre de l'île, puis l' incontournable lac Batur et enfin la ville d'Amed et son collier de criques de la côte Est. Je me suis d'ailleurs un peu éternisé à Amed pour profiter un peu plus des fonds marins qu'on peut y observer avec un simple masque et un tuba, sans oublier l'épave de l'USS Liberty qui fait la joie des plongeurs du monde entier, et aussi parce que j'ai séjourné chez un couple de Balinais à la retraite d'une gentillesse incroyable.

  J'ai atterri chez eux complètement par hasard, en cherchant le logement le moins cher du coin, comme d'hab, mais ce n'est qu'en me réveillant le lendemain que j'ai compris la chance que j'avais de rester dans cette maison. En effet, après le réveil du coq qui chantait à 2m de ma piaule dès 4h du mat, puis les cris du plus jeune des petits enfants qui avait du mal à accepter que ses deux cousines d'une petite dizaine d'années lui donnent le bain dans une eau aussi froide et de si bonne heure, c'est la voix de Philippe Cataldo, le chanteur des tubissime « Divas du dancing » qui a fini de m'extirper de mon lit. Si, si, Papa Mangu (le grand père de cette joyeuse tribu) me faisait l'honneur de faire jouer un peu de musique française aux baffles surpuissantes de sa chaîne HiFi. Je sors donc de ma tanière afin de répondre à son invitation/obligation pour finalement découvrir que Maman Mangu avais déjà préparé le café, et des petites douceurs fait main, enrobées dans des feuilles de bananes en guise de petit-dej et que toute la petite famille s'était mise à se trémousser joyeusement sur ces rythmes d'un autre siècle: ambiance!
Je n'étais pas bien sûr d'être vraiment réveillé après tant de bizarreries mais j'appréciais le moment et finissais de m'éveiller aux premiers rayons du soleil tel un lézard immobile, sortant de son hibernation nocturne. Bref j'ai abusé de leur gentillesse pendant 4 jours et me suis finalement résigné à retourner sur Kota pour rendre mon scooter et prendre la direction des Gilis, qui signifie « îles » en Indonésien et sont réputées pour leurs plages superbes et le calme qu'on peut y trouver.

  C'est effectivement ce que j'y ai trouvé: des plages de sable fin désertes, des clubs de plongée en pagaille, mais malheureusement trop onéreux pour un voyage prolongé comme le mien, et surtout un certain calme dont j'avais vraiment besoin à ce stade de mon trip. En fait, malgré tous les moments magiques que j'avais vécu, je commençais depuis quelques temps à perdre l'envie de continuer à bouger et à rencontrer toujours plus de monde et finissais par ne plus vraiment savoir de quoi j'avais envie, ni ce que j'étais venu chercher dans cette trans-continentale en solitaire! Normal, les six mois d'isolement approchaient et il était sans doute temps de faire un point et de recharger les batteries. De plus j'avais besoin de me préparer mentalement à vivre une toute nouvelle expérience, qui tombait à point nommé.

  Depuis mon passage en Inde, je m'intéressais de plus en plus aux bienfaits que pouvait m'apporter une retraite méditative et avais postulé pour participer à une retraite silencieuse de dix jours dans un centre Dhamma Vipassana situé dans les environs de Jakarta. Après me l'être coulée douce pendant mes deux premières semaines en Indonésie, je me suis donc dirigé vers Jakarta et ai passé à peu près 8h à tenter de trouver ce satané centre de méditation, alors qu'il m'a fallu à peine 1h30 pour en revenir en voiture! Ah oui, un petit truc si vous allez en Asie un jour: ils savent pas lire une carte et préfèrent souvent vous indiquer une mauvaise direction que d'avouer qu'ils ne savent pas où vous voulez aller (comment ça je me cherche des excuses bidons?).

  Je suis donc arrivé in-extremis pour écouter les instructions, les règles et les premiers principes de méditation que j'allais devoir suivre pendant dix jours. Bon, avant de commencer le récit de ces dix jours de torture mentale et physique, je vais répondre à la question que tout le monde se pose: « c'est quoi un centre Dhamma Vipa... machin-chose là? »
  Dhamma signifie qualité ou vertu alors que Vipassana est le nom d'une technique de méditation particulière, dont les principes généraux existaient avant Bouddha mais qu'il a été le premier à mettre en pratique... en gros! La technique consiste à se tenir en position de méditation classique (être assis confortablement, les yeux fermés, le dos droit et les mains jointes) et d'essayer de ressentir les sensations que l'on peut percevoir à la surface de notre corps, sur une zone d'abord très restreinte (en l'occurrence la partie du visage située entre le nez et la lèvre supérieure) puis de plus en plus grande, jusqu'à essayer de ressentir toutes nos sensations corporelles simultanément. Je dis bien essayer car l'esprit non-initié à la pratique de la méditation (dont j'étais l'exemple parfait) est assez retissant à ce genre de jeu. Les deux premiers jours on se cherche, on essaye plein de positions différentes (il m'a fallu une semaine pour trouver la mienne!), on se bat pour maîtriser nos pensées involontaires incessantes et on passe de longs moments à se dire que la zone du corps choisie doit être totalement dépourvue de capteurs sensitifs à force de ne rien ressentir. Puis petit à petit la grosse bébête qui nous sert de cerveau se laisse apprivoiser, et les premiers picotements, changements de température et légers courants d'air deviennent perceptibles. Il faut dire qu'à force de se concentrer sur notre enveloppe épidermique jour après jours, dix heures durant, on fait des progrès, forcément.

  Bon alors comment ça se déroule ces dix jours?
Tout d'abord il y a quelques règles à respecter dans le centre afin de se consacrer entièrement à la technique sus-dégrossie et en ressentir les effets.
  Du premier soir au dixième jour de méditation:
- on ne communique pas avec les autres participants, ni verbalement, ni par geste, ni même en se regardant dans les yeux, sauf avec le professeur et ses deux assistants, mais très brièvement et en cas de blocage, histoire de pas péter un plomb tout seul dans son coin ni de s'enfuir du centre en pleine nuit,
- les femmes et les hommes évoluent dans des espaces séparés et tout contact physique est formellement interdit. De ce fait les relations sexuelles sont biensûr à bannir et l'auto-satisfaction n'est pas non-plus envisageable...écrit noir sur blanc dans le contrat!
- on nous demande de laisser tout ce qui pourrait nous distraire ou nous permettre de communiquer avec l'extérieur pendant le stage: livres, lecteurs MP3, téléphones, ordinateurs, et tout ce qui permet d'écrire est donc confisqué dès le départ. On laisse également ses papiers d'identité et autres clés de bagnole éventuelles, histoire de pas être tenté de fuir en douce (ce qui est finalement une très bonne chose, croyez-moi),
- il est également interdit de courir, faire du sport, du yoga, de chanter, de pratiquer d'autres techniques de méditations, de prier ou d'effectuer des rites quels qu'ils soient,
- on est également tenu de suivre le rythme suivant qui nous est imposé tout au long de la journée à grands coups de gong:

4h: réveil
4h30 – 6h30: méditation
6h30 – 8h: petit déj
8h – 11h: méditation
11h – 13h: déjeuner
13h – 17h: méditation
17h – 18h: goûter
18h – 19h: méditation
19h – 20h30: discours du maître spirituel sur la journée écoulée et celle à venir (sur DVD)
20h30 – 21h: méditation
21h: tout le monde au lit et quand le maudit coup de gong de 4h arrive tout recommence!

  Heu non, j'ai pas oublié le diner, le dernier repas de la journée étant celui du midi, et pas de viande à l'horizon, le régime est 100% végétarien! Du coup les journées sont rythmées par un nombre plutôt limité d'activités, à savoir: dormir, se doucher, manger, pisser et plus si affinité, faire sa lessive, marcher ou méditer... point final!
  Et pour finir, on ne cache pas de bouffe dans ses affaires, on ne fume pas, on ne boit pas d'alcool et on évite toute sorte de drogue. Voilà c'est tout...

  Bref tout est fait pour qu'on se sente tout seul et qu'on se consacre entièrement à cette technique... et ça marche! Sinon un petit mot sur le discours quotidien du Guru (qui signifie maître spirituel, pas de secte à l'horizon, je vous rassure), 1h30 d'éclaircissements sur la manière dont on doit travailler pendant les jours suivants et surtout une grosse leçon de moral très humaine qui vise à nous rendre un peu plus ouvert, tolèrent et respectueux de tout, et surtout de soi quand on sort du centre. La seule difficulté étant les 15 premières minutes du premier jours où on ne comprend pas bien pourquoi on devrait s'efforcer à chercher une truite en nous: « The trout, the trout, the trout » qui s'est finalement avérée être la vérité: the Truth, mais avec son accent Indo-Birman, ça a pas été facile tout les jours...

  Voilà, en quelques lignes, comment j'ai vécu cette retraite, il est bien évident que ça ne concerne que mon ressenti et que chaque personne se heurte à ses propres difficultés et en retire quelques chose de différent, mais généralement très positif.
  Le premier jour on se croirait à ZombiLand, chacun regarde ses pieds pour ne pas être tenté de croiser le regard des autres et de risquer d'entrer en contact, d'une manière ou d'une autre. Les « anciens » élèves étant déjà en mode « méditation profonde H24 », sorte de demi-fantôme marchant très sereinement et plutôt doucement en suivant les mêmes cheminements du matin au soir. Nous les newbies du concentré de cervelle... pardon, de la concentration spirituelle, on observe et on essaie de se sentir bien dans ce nouvel environnement vide d'interaction.
  Il faut dire que vu le rythme « imposé » (je me suis rarement levé à 4h pour être honnête, mais j'y été généralement pour 5h30, la méditation du matin étant la plus plaisante à mon goût) on sature vite des longues heures de position assise à tenter de sentir chaque cm² de notre peau. Heureusement les trois premiers jours nous amènent progressivement vers cet sorte d'auto-scanner complet, mais le quatrième jour, on nous demande de respecter les trois heures de grande détermination qui consiste à ne pas bouger du tout pendant une heure entière, et là le moral en prend un coup, surtout quand on a pas encore trouvé sa position! Le moral commence à faire les grands huit et il m'est arrivé plus d'une fois de sortir du hall de méditation, les nerfs en boule, prêt à prendre mon sac et à me barrer de cet asile de fous sur le champ! Et c'est là que les assistants sont importants parce qu'on peut leur confier notre désarroi profond, prêt à se transformer en dégout total de toute forme de méditation, et sans proposer de solution miracle, le fait d'exprimer mon petit caprice à ce moment là m'a vraiment aidé à reprendre confiance et à me remotiver.

  C'est étonnant comment notre cerveau réagit quand on ne l'inonde plus avec de nouvelles informations, comme on a l'habitude de le faire à longueur d'année. Plus rien à lire, à comprendre ou à interpréter, ou presque, et le voilà qu'il se trouve quasi enchaîné comme un petit singe furieux se débattant dans sa cage... Les exercices de méditation nous aident à calmer son tempérament et le voilà qu'il nous ressort des souvenirs vieux de 20 ans, totalement enfuis depuis des lustres, des gens qu'on avait oublié pour toujours, toute notre vie défile, dans un sens, dans l'autre, les vivants, les morts, les bons moments comme les mauvais, tout ce qui nous a marqué... tout remonte (enfin en ce qui me concerne).
  Puis, j'ai eu l'impression que mon esprit commençait à trouver le temps long à ne faire que méditer, méditer, méditer... alors à chaque pose déjeuner, ou goûter, il a commencé à se demander ce qu'il allait pouvoir faire à l'issue de cette belle retraite, à planifier la suite du trip, à trouver des idées pour mon retour en France, à se demander ce qui lui manquer le plus... sans pouvoir noter quoi que ce soit... dur! J'ai également passé quelques longues minutes à observer une araignée grosse comme ma main, ou mes nouvelles amies les fourmis en plein travail à l'entrée de leur fourmilière... passionnant, n'est-ce pas? Oué, d'accord! On ne se moque pas, svp, non mais!

  Puis le dixième jour se rapproche de plus en plus, finit enfin par arriver et à 9h, après une dernière heure de grande détermination que l'on interromprait pour rien au monde (question de fierté lors de cette ultime épreuve), on retrouve le droit à la parole! On prend son temps, surtout les mecs, et avant les mots, ceux sont presque des larmes qui montent de manière incontrôlable en fixant le regard de Laurent avec qui j'avais échangé à peine deux mots le premier jour. Est-ce parce qu'on s'est croisé comme des robots pendant dix jours pour ne pas briser la moindre règle, alors qu'on traversait les mêmes moments de remise en question personnelle, ou parce que le contact humain nous a vraiment manqué profondément, je ne sais pas, ce qui est sûr c'est que ce moment était vraiment fort en émotions, pour tous des participants.
  On passe alors 24h à parler abondamment de nos expériences personnelles et l'échange est vraiment sincère, vrai, pur. Notre cerveau recommence à se nourrir de tout ce qu'il trouve, et on reprend nos habitudes oubliée d'être humain multi-tâche perturbé...

  La fin de ce stage m'a d'ailleurs permis de rencontré trois personnes formidables: Laurent, le Français qui travaille sur Jakarta, Mickael, l'américain qui a débarqué là un peu par hasard et pour finir une autre magnifique hollandaise, Tessa, qui tentait l'expérience pour la deuxième fois.

  Voilà, j'ai testé pour vous la retraite méditative silencieuse de dix jours et franchement j'en ai chié! Mais ça restera une expérience clé de mon voyage et j'en ressors complétement rechargé, plein d'amour et prêt à vivre les six mois de voyage qu'il me reste plein d'énergie et de très bonnes ondes prometteuses.

  A l'heure où je fini d'écrire ce post je reviens de douze jours mémorables en Nouvelle-Calédonie. En effet les gens que j'y ai rencontré n'ont eu de cesse de m'héberger gratuitement et de me conseiller amicalement, avec une pensée toute particulière pour mon cousin Erwann et sa femme Virginie qui ont eu la surprise de me voir débarquer à l'improviste et se sont mis en quatre pour moi... mais ça se sera pour mon prochain post!

P.S: je suis à Cairns (Nord-Est de l'Australie) et viens tout juste de louer un Van pour descendre vers Brisbane en 15j, puis direction Sydney pour relier l'île de Pâques et l'Amérique du Sud... pas fini de vous raconter ma vie, c'est moi qui vous l'dit!

Bisous les p'tits Loups