samedi 24 avril 2010

Bonne année 2553!



Bon tout d'abord je vois que beaucoup d'entre vous se posent une question existentielle au sujet de ma petite mésaventure en auto-stop, à savoir "Qu'est-ce qui s'est passé après avec cette belle Hollandaise?"

Je suis rassuré de voir que vous ne m'avez pas posé la question à propos de Ludo, le français qui était aussi dans la cabine, preuve que vous vous souvenez encore à peu près de mes préférences hormonales... mais franchement, est-ce bien là l'essentiel? Mes histoires de fesses avec quelques inconnues rencontrées en chemin? N'y a t'il rien de plus essentiel et de plus profond dans ma petite quête philosophique? Je me demande bien pourquoi je m'efforce à vous concocter des messages un tant soit peu travaillés pour élargir un peu le sujet principal de ce blog.

Bien entendu tout ceci n'est qu'ironie et je ne vais pas vous faire poiroter plus longtemps pour vous dire que non, il ne s'est rien passé entre Miss Gouda et moi et encore moi avec Ludo! Pour ne rien vous cacher, après que le chauffeur ait repris le contrôle du bahut, la tension nerveuse générale s'est rapidement transformée en euphorie puérile qui eut été propice à une tentative fortuite de baiser gratuit qu'elle m'aurait peut-être donné sans confession! Mais franchement, pour qui me prenez-vous? Vous me pensez capable d'une telle audace? Je n'aurais fait que gâcher notre sentiment de résurrection partagé.

Une fois arrivés à Luang Nam Tha, après 10h de route défoncée, il nous est apparu totalement naturel de partager une chambre tous les trois, et après avoir rapproché les deux lits, Tiiu s'étant tout simplement désignée pour prendre la place du milieu. Nous étions devenu des potes de 10 ans en quelques sorte... On a prolongé l'expérience une ou deux nuits puis Tiiu est repartie de son côté et j'ai partagé quelques repas et quelques petites soirées avec l'ami Ludo, que je viens d'ailleurs de revoir à Luang Prabang après des retrouvailles totalement imprévues devant l'office du tourisme. On a fêté ça autour d'un bon poisson grillé sur les bords de Mékong puis on s'est quitté comme on s'était retrouvés, sans "adieux" mais avec des "au-revoirs"... sans doute.
C'est comme ça que je me détache de plus en plus de ma petite personne pour mieux apprécier la vie et ce qu'elle nous donne sans réelle décision de notre part.



Après quelques jours passés à Luang Nam Tha (plein Nord du Laos pour ceux qui aurait pas encore tout suivi) à courir les différentes compagnies de trekking, je me suis enfin décidé à payer 45euros repas et hébergement dans les villages compris, pour un trek de trois jours, en compagnie d'une Française, d'un Hongrois et d'un Chinois.
Ok, je vous vois venir... donc la réponse est "Non j'ai couché avec aucun des trois!" et malgré ça, l'expérience était franchement géniale! Des bonnes suées à travers des forêts plus ou moins denses, des poses déjeuner en pleine nature, à manger riz gluant et petits légumes en sauce avec les doigts, sur de belles feuilles de bananes en guise de table, sans oublier les nuits dans de petits villages remplis de sourires.
Bref ça valait franchement les 45 euros mais une nuit ou deux dans un village Laos ça ne me suffisait pas. J'avais envie de m'extirper des villes touristiques pour quelques jours et l'idée de revenir donner quelques cours d'anglais à des gamins dans un de ces coins pommés à commencé à germer. J'ai donc demandé au guide qui nous accompagnait d'en parler au chef pour voir ce qu'il en pensait. Le chef avait l'air plutôt Ok pour que je revienne passer quelques jours dans son village après mon trek mais il ne fournissait pas le logement ni le couvert. Qu'importe, je trouverais bien une solution à ces petites tracasseries matérielles. Le matin du troisième jour du trek débutait par une visite de l'école du dit village, de Nam Khon, et j'en ai donc profité pour demander l'avis des deux professeurs et du directeur quant à mon éventuel soutien en langue anglaise. Aucun d'entre eux n'étant capable de prononcer le moindre mot d'anglais, ils étaient biensûr ravis que je propose un tel soutien.



Bref je fini mon trek avec une seule idée en tête, mettre mon petit projet sur pied et revenir à Nam Khon le sac plein de cahiers et de stylos, deux jours plus tard comme convenu avec le chef.

Et c'est là que les soucis ont commencé. Pour faire court, j'ai passé trois jours à me faire balader entre les agents de l'office du tourisme plutôt désœuvrés, les fonctionnaires du commissariat de police au moins aussi procéduriers que chez nous et les professeurs des deux centres éducatifs de Luang Nam Tha aux expressions à la fois enthousiastes et dubitatives. Bref la galère, surtout que je me pointais là avec mes idées saugrenues quelques jours avant les fêtes de fin d'année, autant vous dire qu'à 14h30 tout ce beau monde tournait déjà à la bière Laos et au Lao Lao (l'alcool de riz national qui oscille entre 50 et 60°... "Et hop! Bo néné!")
Je m'emmerde donc à rédiger un petit programme de cours comme demandé, pas si dur que ça vu le niveau de départ des écoliers, qui donnait à peu près:
Jour1: ABC,
Jour2: 123,
Jour3: révision des 2 premiers jours...



Bon je m'était un peu plus creusé la tête que ça quand même, avec une petite chanson téléchargée sur l'iPod et des références au différents petits livres d'anglais que j'avais acheté pour l'école et tout fière de moi je ramène le satané programme imprimé en double exemplaire au capitaine du commissariat pour avoir son ultime autorisation. Mais après l'avoir attendu trois quart d'heure et pas un regard de sa part à son arrivée, monsieur feint de lire mon exposé pour finalement décrocher son téléphone afin d'en parler enfin à ses supérieurs et là, la réponse ne tarde pas: pas possible! Je dois me greffer à un programme de volontariat pré-existant! Et il lui a fallu trois jours pour enfin chercher à obtenir une vraie réponse dans ce jeu de ping-pong inter-administratif...

Pas un mot de ma part, la moutarde étant montée bien haut mais je savais que si je perdais le contrôle de mes nerfs dans ce genre de situation, c'eut été un grand déshonneur pour moi. J'implore  donc leur clémence afin de me laisser aller distribuer les cahiers, stylos, livres d'anglais et brosses à dents que j'avais déjà acheté. Ils acceptent mais s'empressent de bien faire comprendre à mon fidèle compagnon de galère, mon ancien guide et nouvellement chauffeur-traducteur, qu'il m'est formellement interdit de dispenser le moindre cours d'anglais pendant mon unique journée de visite autorisée là-bas.
Le plus ironique dans toute cette histoire, c'est que le capitaine au refus bien tranché était le seul à ne pas m'encourager dans mes démarches et également le seul à ne pas piper le moindre mot d'anglais!
Mister Xay, mon guide au grand cœur, sans qui j'aurais abandonné dès le début, m'a donc conduit au village de Nam Khon après avoir emprunté la mobylette d'un de ses amis et cet après-midi fut l'occasion de tant de regards emprunts de remerciements, d'espoirs et de curiosité que j'ai eu du mal à me résigner à rentrer en ville après ça. Inutile de vous dire que j'ai passé mon temps à apprendre les premières lettres de l'alphabet, les nombres et les formules de politesse basiques à la quinzaine de gamins qui s'était réunis autour de moi dans la maison du chef du village.



Voilà, ça m'apprendra à vouloir faire les choses comme je les sens, en suivant mon seul feeling... biensûr j'aurais pu me rabattre sur un "programme pré-existant" mais avec la semaine morte de la nouvelle année Bouddhiste, ça décalait tout d'une bonne semaine. Honnêtement après toutes ces tentatives ratées je n'avais qu'une idée en tête: me diriger vers Luang Prabang pour me changer les idées en fêtant le « Pi Mai Lao » (le nouvel an Lao) avec des milliers de Laossiens réunis là-bas pour l'occasion.



Et le moins qu'on puisse dire c'est qu'ils savent faire la fête! Une orgie diurne dans toutes les rues de la ville! Avec une bonne dose de BeerLaos, beaucoup d'eau pour s'asperger copieusement pendant trois jours et une inlassable bonne humeur généralisée, les voilà partis pour trois jours quasi-fériés, seuls quelques restos à touristes étant restés ouverts pour rassasier et abreuver nous autres blanc-becs. Pour célébrer le nouvel an, ils se postent en bandes devant leurs maisons ou leurs commerces fermés pour balancer des sauts d'eau entiers sur la moindre mobylette qui passe par là, les piétons et les voitures ne s'en tirent pas à meilleur compte mais en deux roues c'est du suicide collectif tellement ils ramassent... Biensûr ça donne droit à de belles glissades parfois mais je n'ai jamais vu le moindre Lao s'en plaindre, un petit "Sabaidee pi mai" (Bonne année) en guise d'excuses et ça repart comme si de rien était!
En fait l'eau sert à laver les pêchés de l'année passée pour en commencer une nouvelle en toute sainteté, et symbolise également l'arrivée de la saison des pluies. D'ailleurs il faisait une chaleur à crever quand ils ont célébré ça la semaine dernière et comme par magie le troisième et ultime jour de douche collective a été ponctué en fin d'aprem par un orage d'une rare violence! Les rues se sont transformées en piscines d'eau boueuse en à peine vingt minutes et une bonne partie des fêtards continuait de danser sous cette pluie torrentielle qui devait leur apparaître telle une confession divine.



Les touristes se mêlent biensûr à la fête sans altérer la bonne humeur ambiante mais ils transforment ça en une guerre des pistolets à eau, alors que les Lao se sentent rarement obligés d'arroser leur bénisseur et le gratifie plutôt d'un merci et d'un "Sabaïdee Pi Mai"! La fête bat ainsi son plein durant les trois jours, la rue principale de Luang Prabang donnant lieu à un défilé, façon opération escargot, de voitures et pick-up en tous genres, remplis de Lao qui ne demandent qu'une chose: de la flotte et quelques gorgées de bières distribuées de ci de là... On se fait d'ailleurs inviter par tout le monde à chaque coin de rue et pas question de refuser ou de laisser la moitié du verre sur la table! La règle est la même pour tous: un verre par table et deux verres par personnes à boire quasi cul-sec et coup sur coup afin que celui-ci serve pour la personne suivante. On apprend vite le vocabulaire approprié!



Du coup Pi Mai m'a permis de rencontrer beaucoup de Lao et une fois les festivités terminées j'ai voulu en savoir un peu plus sur la façon de vivre des étudiants et étudiantes en question. A les voir rire et déconner en permanence, toujours entourés d'une bonne bande de potes, je les pensais plutôt heureux et bien dans leur peau malgré un pouvoir d'achat bien inférieur au nôtre. Finalement la réalité est toute autre pour la plupart d'entre eux. D'abord ils n'ont souvent pas le choix de faire des études, à moins d'avoir assez d'argent pour suivre l'exode rurale des jeunes qui les amène dans les dortoirs surpeuplés et ultra surveillés des "grandes villes". D'autre part les filles sont très complexées par leur physique à moins d'être grande et fine, puisqu'elles ont presque toutes en tête le "rêve" de pouvoir rencontrer l'homme "blanc" de leur vie, celui-là même qui changera leur destiné pour toujours... Et pas facile de les raisonner un tant soit peu sur les désillusions à venir...

Surtout qu'on a pas vraiment la même notion du couple et notamment du flirt! A 21 ans, un petit bisou sur la joue est bien souvent accordé après quelques mois de longues discussions et diners romantiques. Messieurs, ne vous avisez pas de faire une blague à une Laossienne en lui tapant la bise par surprise par ici, ça s'apparenterait à une vieille main au cul dans nos contrées sexuellement débridées!

Bref, après dix jours à Luang Prabang et une bonne vingtaine d'e-mail Laossiens en poche, j'ai finalement réussi à m'extirper de cette ville aux charmes Arcachonnais, le mékong en plus, pour venir vérifier la réputation de la ville la plus touristique du Laos, j'ai nommé: Vang Vieng!

Pour vous donner une idée, tapez "Tubing Vang Vieng" sur YouTube et souhaitez-moi que maman Velly ne connaisse pas encore YouTube... bisous Mum!
La suite au prochain épisode...

Un post que j'aurais voulu rendre plus digeste en l'écrivant au fur et à mesure de mon aventure mais comme me le disait Océanie: "Un mail par semaine: mon cul oui!" Bon tu l'as pas dit en ces termes mais l'essentiel est là et j'avoue que plus j'avance et plus j'ai du mal à me coller devant ce satané PC!

Une grosse pensée pour chacun d'entre vous, et à un de ces jours... si l'envie m'en prend...

Auré

1 commentaire:

  1. Hah Hah Vang Vieng...!!
    Je me marre toujours autant a lire tes messages et a chaque fois que j'atteinds la fin , je suis impatiente de lire le suivant alors ne te noies pas dans un bucket pour que l'on puisse profiter de la suite de tes aventures !
    merci !
    Oce

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